Fromagerie d’Oka
Le 18 février 1893, en après-midi, le frère Alphonse Juin frappe à la porte de l’abbaye d’Oka, à Deux-Montagnes, au Québec. Le monastère en difficulté cherche alors désespérément une façon de réunir l’argent nécessaire à sa survie. Le moine cinquantenaire, originaire d’Entrammes, en France, offre sur un plateau d’argent une solution inespérée que l’on croirait venue du ciel : la recette secrète d’un fromage primé, le Port-du-Salut.
Dans les caves de pierres de l’abbaye, le frère Juin met sur pied un atelier tout en simplicité où il mélange, dans de gros chaudrons, le lait des vaches de la région et une liste d’ingrédients secrets. Les méthodes de fabrication sont alors rudimentaires. Comme le moine ne possède pas de thermomètre, il doit, de temps à autre, tremper son doigt dans le mélange. Lorsque ce dernier atteint la bonne température, il fait signe à son apprenti de retirer le chaudron du feu. Il verse ensuite le fromage dans des moules et le lave à l’aide d’une solution secrète avant de le laisser affiner sur des planches de cyprès que l’on importait alors de la Caroline du Sud.
Grâce aux ressources naturelles uniques de la région et au talent du frère Juin pour distribuer les produits de l’abbaye, le fromage OKA connaît rapidement un énorme succès. En effet, sa recette remporte le premier prix lors de l’Exposition de Montréal de 1893 et remporte à nouveau les honneurs à l’occasion de l’Exposition de Québec tenue l’année suivante.
Depuis près de trois quarts de siècle, les moines de l’abbaye d’Oka ont subvenu à leurs besoins grâce au célèbre fromage OKA. Mais des temps nouveaux se profilant à l’horizon, au même titre que leurs vœux de simplicité et de pauvreté ont forcé ces hommes pieux à prendre une importante décision : le moment était venu de léguer leur secret.
Dans le secret des dieux depuis 1981, c’est Agropur qui produit maintenant l’incomparable et convoité fromage OKA, fabriqué aujourd’hui dans les mêmes caves à partir de la recette secrète du frère Juin. Plusieurs objets religieux originaux appartenant aux moines d’autrefois ornent toujours les murs des caves, veillant sur les nouvelles mains qui exercent ce métier centenaire.